Mais, comme toujours avec l’auteur des Détectives sauvages, le roman d’aventures est un trompe-l’oeil, une fausse piste lancée au lecteur pour l’amener vers un roman apocalyptique, où la condition humaine est habitée, voire rongée, par le Mal. Le texte oscille alors d’une énigme à l’autre, d’une découverte macabre à l’autre, s’enfonçant dans le désert, dans des territoires incertains entre le Mexique et l’Amérique, frontière qui cristallise et détruit les espoirs. Chef-d’oeuvre à l’écriture incomparable, 2666 est sans doute le roman le plus audacieux de Roberto Bolaño.
Né en 1953 à Santiago du Chili, Roberto Bolaño émigre au Mexique en 1968 avec sa famille. Il ne reviendra dans son pays natal qu’à l’âge de vingt ans, en 1973, pour soutenir les réformes du gouvernement Allende. Après le coup d’État orchestré par Pinochet, il est arrêté et brièvement incarcéré. En 1975, il fonde au Mexique un mouvement radical et avant-gardiste, « l’infraréalisme ». Il s’installe ensuite en Espagne. Considéré comme un des plus grands écrivains de l’histoire littéraire contemporaine, il meurt en 2003 laissant derrière lui onze romans, des recueils de nouvelles et de poésie. Et de nombreux textes inédits.